Notre implication en tant que parent dans les choix et les démarches d’orientation scolaire et professionnelle de notre enfant favorise son cheminement et les bonnes décisions.
Pourtant, il nous arrive plus souvent d’être perdu, démuni dans ce domaine. Nous nous demandons : comment faire pour l’aider à faire ses choix ? Dans quelle formation ? A qui demander de l’aide ? Nous sommes nous-mêmes un peu stressés par cette situation, nos émotions et notre volonté de lui offrir le meilleur nous pousse parfois à faire l’inverse de ce dont il a besoin.
Alors pour vous soutenir dans ce chemin, je partage avec vous quelques repères testés et approuvés au cours de mon expérience professionnelle et personnelle. J’espère qu’ils pourront vous aider à trouver votre bonne posture pour accompagner votre enfant le plus sereinement possible dans les étapes d’élaboration de son projet professionnel.
Trouver la juste place n’est pas si simple : être présent sans l’envahir de nos doutes et de nos questionnements, savoir l’écouter sans juger ses choix, pouvoir le guider sans imposer ses idées, ses désirs. Personne ne nous a donné le mode d’emploi et personne ne nous le donnera car il n’existe pas !
Chacun s’adapte, comme il peut, à la situation particulière de son enfant. Mais vous n’êtes pas les seuls, comme nombreux parents : nous tâtonnons, nous expérimentons, nous essayons différentes manières d’agir, en espérant avancer.
Mon témoignage de maman de 2 adolescents confrontée aux questions d’orientation Mon fils aîné, pourtant à l’aise avec les apprentissages, ne s’est pas du tout épanoui au lycée en classe de seconde. Ses résultats ont chuté, il se désintéressait complètement de ses cours. Un accompagnement et un soutien lui ont permis d’élaborer un projet professionnel motivant. Nous avons dépassé nos préjugés, négocié des aménagements d’emploi du temps pour réaliser des stages. Un bilan de Potentiels lui a permis de mieux se connaître, de reprendre confiance en lui et de révéler son fonctionnement : il lui fallait une formation concrète ! Il a eu le déclic des métiers du bois lors d’un forum des métiers. Puis des portes ouvertes, des stages en entreprises lui ont permis d’élaborer le projet d’une formation par apprentissage en CAP charpente. Lorsqu’il a décroché un contrat d’apprentissage après 6 mois de réflexion, nous avons tous ressenti un soulagement. Quand je l’entends rentrer du travail en sifflant, je sais qu’il a trouvé sa voie ! Peu importe le chemin emprunté, l’essentiel est de réussir et de s’épanouir.
– Posture 1 –
Laisser son ado se débrouiller seul au sujet de son orientation.
Un adolescent se construit « contre », il s’oppose, il construit sa propre identité et « tout contre » il est encore dépendant des adultes. Autant il a besoin de lien, de s’appuyer sur ses parents comme soutien autant ce besoin lui est parfois intolérable. « Si le lien se distancie, l’adolescent se sent abandonné ; si on se rapproche, il se sent envahi sinon même persécuté »[1]. Il s’oppose alors pour construire sa propre identité, forger ses choix.
Bien sûr vous ne pouvez pas décider à sa place mais si vous êtes trop absent il aura plus de difficultés à élaborer ce qui pourrait lui plaire. Il pourra se sentir délaissé, insécurisé.
A l’inverse tout faire pour lui ne sert à rien. Lui répéter de chercher une formation, le forcer à faire des démarches n’aboutira à rien. Pourtant votre rôle d’accompagnateur, de guide est primordial pour l’aider à se prendre en main.
[1] Philippe JEAMMET, Paradoxes et dépendances à l’adolescence. Bruxelles. Editions yapaka.be. 2009. https://yapaka.be/files/publication/TA_Paradoxes_Dependance_Adolescence.pdf
Ni trop près ni trop loin !
Responsabilisez-le en refusant de faire à sa place, en l’aidant à s’organiser, en l’encourageant, en répondant à ses questions.
Être à ses côtés dans les démarches sans faire à sa place est fondamental. Il a besoin de votre appui, d’être accompagné dans ses nouvelles démarches par exemple lors de portes ouvertes, de forum des métiers, de recherches d’apprentissage… Il fait un grand pas dans l’inconnu, votre présence à ses côtés est rassurante même s’il ne vous le dira pas !
– Posture 2 –
Croire que vous ne connaissez plus rien.
C’est vrai que le monde du travail évolue très vite, de nouveaux métiers apparaissent, 85% des emplois de 2030 n’existent pas encore ! Les différentes réformes de l’éducation et de la formation sont passées par là depuis notre dernier diplôme, rien ne ressemble à nos années lycées ! Pourtant nous avons tous une expérience professionnelle, un parcours qui peut servir d’exemple pour s’en inspirer ou s’en écarter : nos adolescents ont besoin de références pour élaborer leurs choix.
Parlez-lui de votre parcours scolaire et professionnel.
A son âge le monde de l’entreprise, du travail est encore lointain. Vous êtes le premier lien avec cet environnement alors parlez-lui concrètement de vos tâches, de votre organisation, de vos responsabilités, de ce qui vous motive, de ce qui vous plait moins, de votre parcours en évitant les soirs où vous en avez marre de votre job ! Invitez aussi votre entourage à partager leurs expériences professionnelles. Tous ces témoignages lui seront précieux pour élaborer ses choix petit à petit, creuser une piste, la rejeter. L’orientation est un long processus. La manière dont vous avez choisi votre orientation, vos propres questionnements à l’époque de vos études, votre entrée dans le monde du travail, toutes ces informations lui seront utiles pour tracer son propre chemin.
– Posture 3 –
Ne pas tenir compte de la personnalité de votre enfant.
Même si les choses évoluent, l’orientation scolaire semble se décider sur le seul critère des notes :
- Les très bons élèves sont poussés à choisir de longues études dans l’espoir d’avoir un bon salaire et un métier valorisant.
- Les élèves ayant des mauvaises notes sont orientés vers des formations professionnelles, l’apprentissage, les formations courtes.
Or de très bons élèves finissent par arrêter leur scolarité pour se réorienter vers un métier manuel. De longues études ne sont plus forcément synonymes d’une employabilité assurée auxquelles vient s’ajouter l’incertitude d’une forte rémunération.
A l’inverse, certains discours poussent des élèves à se diriger vers le professionnel dès la fin de 3ème sans qu’un projet ne soit élaboré.
Or quand on ne sait pas quel métier peut nous plaire, quand on se connait mal, quand on doute de ses capacités, il est difficile de choisir une spécialité, de s’orienter vers un métier.
Regardez du côté de ses atouts, de ses potentiels.
Il est préférable de dépasser ces clichés et de se centrer sur les aspirations profondes de nos enfants, leurs talents, leurs qualités, leur mode d’apprentissage, ce qui les intéresse avant de prendre en compte leurs résultats scolaires pour guider leur choix d’orientation. Aidez votre enfant à se regarder en positif, à voir ce qui fait sa force, ce qui le motive pour qu’il puisse prendre confiance en lui. Pour cela inspirez vous de toutes les petites choses du quotidien où il a réussi : à la maison, à l’école, dans les activités, avec l’entourage, en vacances, au sport….
N’hésitez pas à prendre rendez-vous avec lui, en arrêtant le temps autour de cet échange, à être réellement disponible et à son écoute en allant au restaurant avec lui par exemple.
Encouragez-le à s’impliquer dans des projets pour lui permettre de se découvrir, de mieux se connaître. Sans cette connaissance de soi, on ne peut pas trouver la voie qui nous correspond.
Bien sûr, les notes comptent et nous pouvons aider notre enfant à prendre conscience des exigences de certaines formations. De nombreux enfants (comme de nombreux adultes !) ont besoin de se fixer des objectifs, de savoir où ils vont pour fournir des efforts et travailler. Des témoignages d’étudiants des filières pressenties peuvent favoriser cette prise de conscience et le (re)motiver.
– Posture 4 –
Ne pas écouter les souhaits de son enfant, porter des jugements.
A éviter : le pousser dans une voie qui ne lui correspond pas parce que c’est la voie idéale selon nous ou refuser catégoriquement un choix car il n’y a pas de débouché ou par ce que cela nous paraît irréalisable.
Nous souhaitons le meilleur pour notre enfant et nous voulons lui éviter de faire des erreurs, de prendre une voie sans issue. Et si c’etait nous qui nous trompions ?
Notre enfant doit rester acteur de son parcours d’orientation. Si nous prenons le premier rôle, il risque de choisir ce qui nous fait plaisir ou par opposition ce qui nous déplait le plus au risque de passer à côté de ses propres aspirations. De nombreux adultes peu épanouis au travail, en reconversion professionnelle disent avoir fait les études qu’on attendait d’eux pour rentrer dans la bonne case souhaitée par la famille ou pour suivre la bonne voie dictée par la société.
Croire en ses rêves, l’écouter avec bienveillance et l’encourager.
Plutôt que nous opposer catégoriquement à ses idées, écoutons ce qu’il a à dire de ses choix, ouvrons le dialogue sur des alternatives possibles. Même si le chemin qu’il emprunte n’est pas le nôtre, faisons-lui confiance et disons-nous qu’il n’y a pas de mauvais choix, que l’on apprend de ses détours, de ses expériences. Rien de pire que les regrets pour douter toute sa vie ! Les passerelles sont de plus en plus nombreuses aujourd’hui si notre enfant s’aperçoit qu’il n’a pas pris le bon chemin.
Croyez en leur rêve même si ce n’est pas le vôtre et aidez -le à trouver un plan B si ce rêve ne se réalise pas. Encouragez-le à aller au bout de son idée, à entreprendre des démarches, à approfondir et à confronter ses rêves à la réalité.
– Posture 5 –
Ne pas anticiper la réflexion au sujet de l’orientation scolaire de son enfant.
On se dit qu’il a le temps de savoir ce qu’il voudra faire plus tard, que les premiers choix se font généralement en 3ème, au plus tôt en 4ème.
Cependant l’élaboration d’un projet professionnel est un long processus. Plus tôt la réflexion aura débutée, plus sereinement se prendront les décisions.
S’intéresser dès le début du collège à l’orientation
N’attendez pas l’année de la 3ème pour participer aux portes ouvertes des établissements. Visiter un établissement dès l’année de 4ème permet de le découvrir sans le stress du choix à faire rapidement, de ne pas passer tous ses week-end de janvier à mars de l’année de 3ème à courir les portes ouvertes ou de ne pas avoir le temps de les faire !
Dès la 6ème, n’hésitez pas à l’intéresser à cette question, à petit pas, sans pression en fonction de ses envies, ses questions. Proposez-lui de parcourir des sites d’orientation, de l’accompagner à des forums de métiers avec un copain ou une copine, proposez-lui de visiter votre entreprise, de rencontrer des professionnels de différents métiers parmi votre réseau familial ou amical. Il existe aussi des entreprises qui ouvrent leurs portes pour des visites aux particuliers une fois dans l’année.
Toutes ces informations collectées l’aideront à mûrir sa réflexion et, arrivé en 3ème , il pourra faire des choix plus éclairés. L’élaboration de son projet ne s’arrête pas à l’entrée au lycée, poursuivez ces temps de découverte du secteur professionnel et de ses aspirations personnelles tout au long de sa scolarité. Ainsi il approfondira sa réflexion ce qui facilitera ses choix d’orientation pour ses années post bac.
– Posture 6 –
Penser qu’une aide extérieure est inutile.
On ne sait pas tout et on ne peut pas tout savoir ! Personne ne détient la clef, la solution magique.
Comme je vous en parlais en introduction, nos émotions nous jouent des tours ; d’autant plus face à ce sujet si crucial : l’avenir de notre enfant ! Dans cette période si particulière qu’est l’adolescence, ce n’est pas facile pour chacun de trouver sa place, les relations sont tendues, le dialogue difficile. Ne vous a-t-il pas déjà dit : « tu ne comprends rien ! ». Nos a priori, nos envies, nos désirs, nos représentations, nos peurs, nos projections brouillent les pistes.
Ne restez pas seul face à vos doutes, vos questions, responsabilisez-le
L’aide des professionnels est précieuse pour avancer dans sa réflexion même si elle ne fera pas tout. L’acteur principal reste votre enfant, son implication et son envie sont le moteur de la construction de son projet. Vous ne pouvez pas faire à sa place, et ce sentiment d’impuissance peut être difficile à gérer en tant que parent.
Un regard extérieur, dégagé des affects, peut débloquer des situations, permettre à chacun d’être écouté, redonner à votre enfant motivation et confiance en lui, en son avenir.
Cette aide peut prendre différentes formes selon la situation de chacun : partager avec d’autres parents, un bilan d’orientation, être guidé dans ses démarches si votre enfant le souhaite. Cette condition est indispensable et déterminante pour la réussite de l’accompagnement : on ne fera rien sans lui !
J’espère que ces repères vous sont utiles et vous éclaireront sur la posture à adopter dans l’accompagnement de votre enfant au sujet de son orientation scolaire et professionnelle. Je lui souhaite de trouver une activité professionnelle motivante et épanouissante. S’il vous reste des questions, des doutes, n’hésitez pas à me contacter : amelie@ameliormespotentiels.com ou sur mon formulaire de contact.